Народність, така велика, така багата змістом та життєвими силами, не знищеними століттями насильницького гноблення, не може бути доведена до небуття гнітом і заборонами.

Усі ці утиски можуть лише затримати її розвиток, але не більше, і, кінець кінцем, вона не може не взяти свого.

Факти останнього часу утверджують у непорушному переконанні, що широкий і всебічний розвиток української народності — лише питання часу, мабуть — дуже недалекого часу.

(Михайло Грушевський, Нариси історії українського народу, 1904/2013)

ІСТОРИКИ І ВІЙНА

Colloque international à l’occasion du Millénaire de Caen L’historiographie de l’Europe centrale et orientale (du Moyen Âge à nos jours) : les enjeux contemporains d’une réévaluation

Colloque international à l’occasion du Millénaire de Caen

L’historiographie de l’Europe centrale et orientale (du Moyen Âge à nos jours) : les enjeux contemporains d’une réévaluation


Resp. Aleksandr Musin, Pierre Bauduin, CRAHAM (Université de Caen Normandie)


e-mail : aleksandr.musin@unicaen.fr

CRAHAM-HisTéMé-ERLIS (Université de Caen Normandie)


Date : vendredi 21 – samedi 22 mars 2025 à Caen


À l'aube de son deuxième millénaire, la ville de Caen entend débattre sur la paix au travers d’un questionnement sur les enjeux du passé du Moyen Âge à nos jours, à l’Ouest et à l’Est de l’Europe. À cette occasion, l’Université de Caen Normandie, en partenariat avec d’autres institutions, propose une réflexion collective sur la perception de l’histoire de l’Europe centrale et orientale dont chacun peut mesurer les résonnances sur la préservation de la paix ou les discours bellicistes contemporains. Ce colloque fait suite à un séminaire-atelier tenu en février 2023 sur le thème « Histoire et violence en Europe centrale et orientale ».

Le concept de l’Europe centrale et orientale est bien connu dans le monde académique. Ce concept remonte à la vision d’Oskar Halecki (1891-1973) de l’Europe ancienne et nouvelle, même si la discussion sur ses limites géographiques et culturelles dans le passé et le présent se poursuit encore aujourd’hui.L'historicité de ce terme et son contenu historique sont également en discussion. Certains chercheurs estiment que le concept d'Europe centrale et orientale est très politisé et reflète exclusivement les réalités qui se sont développées après la Seconde Guerre mondiale comme une réaction à la subordination des petits États du sous-continent à la domination soviétique. Ainsi les titres des essais liminaires d’István Bibó (1911-1979) et de Milan Kundera (1929-2023) respectivement « Misère des petits États d'Europe de l'Est » et « Un Occident kidnappé ou La tragédie de l'Europe centrale » sont devenus les slogans de leur lutte pour se libérer de l'influence du voisin impérial oriental et pour le rapprochement avec l'Europe occidentale.

Cependant la réaction unanime des États d'Europe centrale et orientale à l'agression russe en Ukraine en 2022 démontre la pertinence de leurs peurs existentielles et, semble-t-il, indique l'enracinement historique profond de ces peurs. Les événements tragiques en Ukraine ont révélé dans quelle mesure les problèmes actuels de l’Europe centrale et orientale résident dans son histoire partagée du Moyen Âge et leurs résonnances contemporaines. Ainsi, l’histoire contemporaine de cette partie de l’Europe devrait être davantage comprise et expliquée au prisme de l’histoire médiévale. Dans cette situation, la société et la communauté universitaire devraient réévaluer l’histoire de l’Europe centrale et orientale, avant tout, relire et repenser l’histoire et la culture de la Russie.

Du point de vue géographique et culturel il serait raisonnable de rassembler la zone entre l’Oder et la Vistule, à l’Ouest, jusqu’au Volkhov et la région du Dniepr, à l’Est, située le long de l’axe géographique et culturel « Sicile-Carélie »dans un ensemble historique et archéologique qui remonte au Néolithique et au premier âge du Fer. À partir de cette époque l’Europe centrale et orientale peut être définie comme une région de rencontre compétitive, avec au Moyen Âge des influences slave, latine, byzantine, nordique et orientale. Dans cette perspective, cet espace – Europe centrale et orientale – ne représente plus une périphérie de l’Europe occidentale mais devient une vraie « grande frontière » de l’Europe entre les deux civilisations de l’Orient et de l’Occident.

Une telle situation complexe historique et culturelle faite de concurrence et de rivalité de différentes influences a donné lieu à des historiographies spécifiques, parfois très contradictoires et soumises à diverses tendances politiques. Aujourd’hui les « grands récits nationaux » de l’Europe centrale et surtout orientale semblent être « captés » par l’historiographie russe. Dès que les ouvrages de Nikolai Karamzin (1766-1826) sur l’histoire de l’empire de Russie ont été traduits en français (1819), l’historiographie et la société françaises ont adopté elles aussi cette version impériale de l’histoire de l’Europe orientale. Les conditions préalables de cette aberration ont été encore posées par la littérature latine médiévale qui utilisait le nom Russia pour décrire la Rus’, entité politique en Europe de l’Est au début du Moyen Âge. Ce terme a été récupéré plus tard pour désigner la Russie moderne dans les langues de l’Europe occidentale.

Aujourd’hui la communauté universitaire peut proposer une révision de la tradition historiographique des « grands récits » et du processus de réécriture de l’histoire depuis la fin du Moyen Âge jusqu’à l’époque contemporaine. Il sera opportun de se dégager des pesanteurs historiographiques et d’adopter une lecture diachronique et anthropologique des textes, médiévaux et modernes. Autrement dit, les tâches des études historiographiques aujourd’hui comprennent non seulement une révision de l'interprétation moderne de l'histoire médiévale, mais aussi de l'influence de cette interprétation sur la politique contemporaine, donc leur influence mutuelle.

Les objectifs de colloque sont d'encourager la discussion et d'approfondir nos connaissances visant à :

- caractériser les nouvelles approches de l’historiographie contemporaine dans les études de l'Europe centrale et orientale médiévale et moderne ;

- proposer une typologie et une chronologie des approches historiographiques de l'histoire de l'Europe centrale et orientale médiévale et moderne sur le fond ;

- estimer le médiévalisme et les usages du Moyen Âge à des fins politiques y compris la politique mémorielle des différents États d'Europe centrale et orientale aujourd’hui ;

- réévaluer l’histoire de l’Europe centrale et orientale, notamment en appréhendant l’histoire russe du point de vue de ses voisins : l’Ukraine, la Pologne, la Bélarus, les pays scandinaves, les pays baltes ;

- tracer les voies et les moyens de la réconciliation des mémoires historiques de l’Europe centrale et orientale qui prennent leur source dans une histoire médiévale partagée selon les modèles européens, principalement franco-allemand, franco-anglais et scandinave ;

- évaluer de manière critique le concept de la « Rous’ de Kiev » comme un État unitaire, né de l’historiographie stalinienne ;

- présenter et évaluer de nouvelles hypothèses et approches de l'histoire de la formation des premiers États (chefferie, politéia etc.) et de l'ethnogenèse en Europe centrale et orientale.

Il s’agira aussi de :

- présenter la diversité de la culture spirituelle et matérielle de l’Europe centrale et orientale au Moyen Âge dans le cadre d'une approche critique du « morcellement féodal » ;

- considérer la dynamique de la nomenclature ethnique au Moyen Âge ;

- évaluer de nouvelles hypothèses d'interactions internationales et interethniques en Europe centrale et orientale au Moyen Âge et aux Temps modernes (unions matrimoniales, condominiums politiques, territoires à double juridiction);

- aborder le sujet des valeurs socio-culturelles communes et de leur évolution, qui a mené à la formation d’identités ethniques et politiques différentes au cours du Moyen Âge tardif ;

- offrir une vue d'ensemble de la concurrence et de la compétition sociale, politique, culturelle et religieuse entre les différentes sphères d’influences (occidentales, byzantines et nordique) en Europe centrale et orientale.

Par bien des aspects ces aspects aborderont les effets des mécanismes mémoriels sur les processus de paix. Faire la paix sollicite aussi les mémoires et de comprendre les manières dont sont représentés les espaces en conflit. Au-delà, gageons que cette rencontre renforcera l’attractivité des études sur l’histoire et la culture de cette partie de l’Europe au Moyen Âge et aux Temps modernes.

International symposium on the occasion of the Millenium of the city of Caen

The historiography of Central and Eastern Europe (from the Middle Ages to the present day): contemporary issues of reassessment

OrganisersAleksandr Musin, Pierre Bauduin (CRAHAM, University of Caen Normandy)

e-mail : aleksandr.musin@unicaen.fr

CRAHAM-HisTéMé-ERLIS (University of Caen Normandy)

Date: Friday, March21– Saturday, March 22, 2025, Caen

At the dawn of its second millennium, the city of Caen intends to debate on peace through questioning the issues of the past from the Middle Ages to the present day, in the West and East of Europe.On this occasion, the University of Caen Normandy, in partnership with other institutions, is offering a collective reflection on the perception of the history of Central and Eastern Europe. Today the resonances of this perception on the preservation of peace orcontemporary warmongering discourses can be measured byeveryone. This symposium follows a seminar-workshop “History and violence in Central and Eastern Europe” held in February 2023 in Caen.

The concept of Central and Eastern Europe is well known in the academic world.This concept dates back to vision of Oskar Halecki's (1891-1973) of old and new Europe, although discussion of its geographical and cultural limits in the past and present continues to this day.The historicity of this term and its historical content are also under discussion.Some scholars believe that the concept of Central and Eastern Europe is highly politicized and exclusively reflects the realities that developed after World War II as a reaction to the subordination of the subcontinent's small states to Soviet domination.Thus, the titles of the introductory essays by István Bibó (1911-1979) and Milan Kundera (1929-2023) respectively “Misery of the Small States of Eastern Europe” and “A Kidnapped West or The Tragedy of Central Europe” became the slogans of their struggle to free themselves from the influence of their eastern imperial neighbor and for rapprochement with Western Europe. However, the nearly unanimous reaction of Central and Eastern European states to Russian aggression in Ukraine in 2022 demonstrates the relevance of their existential fears and, it seems, indicates the deep historical roots of these fears.The tragic events in Ukraine have revealed the extent to which Central and Eastern Europe's current problems lie in its shared medieval past and their contemporary resonances. Thus, the contemporary history of this part of Europe should be better understood and explained through the prism of medieval history.In this situation, societies and the academic communities should reevaluate the history of Central and Eastern Europe, above all, reread and rethink the history and culture of Russia.

From a geographical and cultural point of view it would be reasonable to combine the area between the Oder and the Vistula, in the West, up to the Volkhov and the Dnieper region, in the East, located along the geographical axisand cultural “Sicily-Karelia” in a historical and archaeological ensemble which dates back to the Neolithic and the first Iron Age.From this time on, Central and Eastern Europe can be defined as a region of competitive encounter, with Slavic, Latin, Byzantine, Nordic and Eastern influences in the Middle Ages.From this perspective, this space – Central and Eastern Europe – no longer represents a periphery of Western Europe but becomes a real “great border” of Europe between the two civilizations of the East and the West. Such a complex historical and cultural situation made of competition and rivalry of different influences has given rise to specific historiographies, sometimes very contradictory and subject to various political tendencies.Today the “big national stories/big narratives” of Central and especially Eastern Europe seem to be “captured” by Russian historiography.As soon as Nikolai Karamzin's works on the history of the Russian Empire were translated into French (1819), French historiography and society also adopted this imperial version of the history of Eastern Europe.The preconditions for this aberration were created by medieval Latin literature which used the name Russia to describe the Rus', a limited political entity in Eastern Europe in the early Middle Ages. This term was later reused to indicatemodern Russia in the languages of Western Europe.

Today the academic community can propose a revision of the historiographical tradition of “big narratives” and the process of rewriting history from the late Middle Ages to the contemporary era.It will be appropriate to free ourselves from “historiographical weights” and adopt a diachronic and anthropological reading of the texts, medieval and modern.That is, the tasks of historiographical studies today include not only a revision of the modern interpretation of medieval history, but also of the influence of this interpretation on contemporary politics, hence their mutual influence.

The objectives of this symposium are to encourage discussion and deepen our knowledge aimed at:

-characterise new approaches to contemporary historiography in studies of medieval and modern Central and Eastern Europe;

- propose a typology and a chronology of historiographical approaches to the medieval and modern history of Central and Eastern Europe in general;

- estimate the uses of the medievalism or the vision of Middle Ages for political purposes including the memorial policy of the different states of central and eastern Europe today;

- reassess the history of Central and Eastern Europe, in particular by understanding Russian history from the point of view of its neighbors: Ukraine, Poland, Belarus, the Scandinavian countries, the Baltic countries;

- trace the ways and means of reconciling the historical memories of Central and Eastern Europe which have their source in a shared medieval past according to European models, mainly Franco-German, Franco-English and Scandinavian;

- critically evaluate the concept of the “Kyivan Rus’” as a unitary state, born from Stalinist historiography;

- present and evaluate new hypotheses and approaches to the history of the formation of the first states (chiefdom, politeia etc.) and ethnogenesis in Central and Eastern Europe.

Other objectives are:

- present the diversity of the spiritual and material culture of Central and Eastern Europe in the Middle Ages within the critical approach to “feudal fragmentation”;

- consider the dynamics of ethnic terminology in the Middle Ages;

- evaluate new hypotheses of international and inter-ethnic interactions in Central and Eastern Europe in the Middle Ages and Modern Times (matrimonial unions, political condominiums, territories with dual jurisdiction);

- address the subject of common socio-cultural values systems and their evolution, which led to the formation of different ethnic and political identities during the late Middle Ages;

- offer an overview of the competition and social, political, cultural and religious competitions between the different spheres of influence (Western, Byzantine and Nordic) in Central and Eastern Europe.

In many ways these aspects will address the effects of memory mechanisms on peace processes. Making peace also requires memories and understanding the ways in which spaces in conflict are represented. Beyond that, we can bet that this meeting will strengthen the attractiveness of studies on the history and culture of this part of Europe in the Middle Ages and modern times.